Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LA PENSÉE ET LES MYTHES - FEMINICIDES - LE PHALLUS - LE VAGIN ET LE POUVOIR

23 Janvier 2020 , Rédigé par CODEF246

Après biens des hésitations et ne voulant plus compter sur d'éventuels éditeurs,  j'ai décidé de vous soumettre le résultat de mes recherches dans une 4e partie qui peut aider toutes les femmes victimes depuis l'origine de l'humanité, 

Ce travail montre l'origine commune des religions et permettrait peut-être de réconcilier les différentes communautés religieuses et d'y intégrer d'autres sociétés. Il ne s'agit pas de dénigrer la religion juive mais de montrer l'évolution et la constitution d'un tel aboutissement.
De plus à  l'heure de la montée de la femme, il pourrait lui redonner la place qu'elle mérite.
Mon travail est le résultat de nombreuses recherches mais ma synthèse ne fait que 21 pages. C'est le chemin parcouru comme le dit Eliade.

Il pourrait faire l'objet d'une étude auprès des jeunes.

Vous pourrez en disposer à condition d'indiquer le nom de l'auteur.

 

 

L’ORIGINE COMMUNE DES RELIGIONS

4e partie (SYNTHESE)


LA PENSEE ET LES MYTHES
LE PHALLUS - LE VAGIN ET LE POUVOIR

Colette defrain
2019


A ma famille,
A mes maîtres


L’homme n’est qu’un roseau
Le plus faible de la nature
Mais c’est un roseau pensant
Il ne faut pas que l’univers….
 
A force d’avoir pioché dans  ces textes comme un archéologue, nous voyons clairement à présent comment la pensée a été à l’origine de tous  les différents symboles et hiérophanies que les hommes ont imaginés. 
Nous comprenons comment les hommes, dès l’origine, ont pu élaborer des histoires et des mythes que leurs successeurs ont ensuite réutilisés et travaillés pour construire des systèmes plus élaborés en dévalorisant ceux qui les avaient précédés.
C’est à partir des mythes rejetés par les intellectuels que nous sommes arrivés à notre état actuel et que nous pouvons déceler les causes premières de toutes les théologies. Elles nous paraissent si évidentes et si simples que nous sourions un peu devant toute la littérature qui en  a résulté et qui a peut-être caché l’essentiel. Malgré la polysémie des mythes et leur complexité, nous osons dégager les sources premières de ces textes mais nous n’aurions pu le faire sans les travaux de tous les chercheurs qui nous ont précédés et qui ont traduit les documents.
Comme le dit Mircea Eliade, ce ne sont pas les éléments naturels, l’eau, la terre, l’air ou le feu, qui ont donné naissance aux symboles. Il le répète constamment mais c’est un événement originel qui a été à l’origine de ces symboles qu’il s’agit de répéter par les rites ou les mythes. Ce ne sont pas les phases de la lune, dit-il, qui ont donné naissance au dualisme mais c’est l’idée du dualisme qui a été comparée aux phases de la lune.  Cependant Eliade n’a fait aucun rapprochement entre ces symboles et les différentes religions et n’a pas trouvé l’origine de ces symboles.
Ce n’est pas la montagne, pensons-nous, qui est à l’origine de l’axis-mundi mais c’est la représentation du phallus qui a été assimilé au poteau, à la montagne et aux constructions sacrées, à l’édification des maisons avec le poteau central, le foyer comme nous l’avons vu dans la première partie de l’ouvrage.
Les principales positions religieuses, dit-il, ont été données une fois pour toutes dès l’instant où l’homme a pris conscience de sa situation existentielle au sein de l’univers. Mais l’histoire continue de  produire  également dans la vie de l’homme, dans sa vie matérielle de nouvelles formes de vie religieuse. Sans la découverte des techniques de chasse, de l’agriculture il n’y aurait pas eu cette évolution. Mircea Eliade donne l’exemple de Zarathoustra qui s’est opposé aux sacrifices sanglants d’animaux dans la religion.

I – LE ROLE DE LA PROCREATION
Les premiers hommes ont certainement adoré le phallus qui permettait la reproduction de la vie. On en voit des reproductions dans le musée de Matsumoto au Japon. Les Indiens en ont fait un dieu sous forme de lingam qui a donné naissance au poteau chez les Egyptiens, à la montagne et aux pagodes dans les temples chinois, au centre de l’univers, à l’arbre de vie dans la Genèse et à Jésus Christ dans les Evangiles.
La vie doit perdurer et il est essentiel de procréer et de préserver toute vie comme nous l’apprennent les différents textes du déluge. 
C’est sans aucun doute le phallus qui a donné naissance à la structure des temples. La base est carrée comme le yoni de la femme et la partie supérieure ressemble au phallus.
Il était un symbole de l’existence, de la force, de la durée.
Il a été certainement comparé au feu. Les autels de feu dans l’Inde védique sont construits comme une création du monde. L’autel du feu représente l’année, les nuits sont ses pierres de clôture au nombre de 360 comme autant de nuits dans l’année. Les jours sont les briques yajus matî au nombre également de 360 ainsi qu’il y a 360 jours dans l’année. L’autel devient ainsi un microcosme qui existe dans un espace et dans un temps mystiques qualitativement distincts de l’espace et du temps profanes. Il faut répéter la cosmogonie.
La même portée cosmogonique se vérifie dans la construction du mandala. Le mot signifie « cercle ». Les traductions tibétaines le rendent tantôt par « centre », tantôt par « ce qui entoure ». C’est une série de cercles, concentriques ou non, inscrits dans un carré où l’on construit à l’intérieur les images de différentes divinités tantriques.
Toutes ces constructions sacrées représentent symboliquement l’univers tout entier. Les « étages ou les terrasses sont identifiées avec les « cieux » ou les niveaux cosmiques. Chacune d’entre elles reproduit le Mont cosmique, c’est-à-dire qu’on la considère comme bâtie au « centre du monde ».
N’importe quel établissement humain nouveau est, en un certain sens, une reconstruction du monde.


L’arche de Noé a aussi une forme semblable.
L’arche aura 300 coudées de longueur, 50 coudées de largeur et 30 coudées de hauteur. Tu feras à l’arche une fenêtre, que tu réduiras à 1 coudée en haut ; tu établiras une porte sur le côté de l’arche ; et tu construiras un étage inférieur, un second et un troisième. Gen 6/15-16
Dans l’apocalypse, la ville est aussi décrite :
La ville avait la forme d’un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau, et trouva 12000 stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. Il mesura la muraille, et trouva 144 coudées, mesure d’homme, qui était celle de l’ange. Apo 21/16

Dans les textes sacrés des Zoroastriens, on trouve ce récit du déluge :
24. Avant cet hiver,
Le pays était porteur d’une herbe
Vers laquelle l’eau en abondance devait couler
Après la fonte de la neige ;
Il apparaîtra, O Yma, comme inaccessible
Au monde matériel,
Là où on verra la trace du mouton


25. Alors, fais cette enceinte de la longueur d’une carrière
Sur chacun de ses côtés ;
Apporte là-même les semences de petit et de gros bétail,
Et d’hommes et de chiens et d’oiseaux
Et de feux rouges et brûlants ;
Alors, fais cette enceinte de la longueur d’une carrière
Sur chacun de ses côtés,
Comme demeure pour les hommes ;
De la longueur d’une carrière
Sur chacun de ses côtés,
Comme étable pour les bovidés.

26. Là,  fais couler l’eau,
Une voie longue d’une lieue ;
Là, installe des prairies ;
Toujours on mangera une nourriture
Toujours verte, impérissable ;
Là, installe des maisons, ainsi qu’une cave,
Une cour, un enclos et un rempart.

27. Là, apporte les germes
De tous les hommes et de toutes les femmes,
Qui soient les plus grands, les meilleurs
Et les plus beaux de cette terre ;
Là, apporte les germes
De toutes les espèces d’animaux,
Qui soient les plus grands, les meilleurs
Et les plus beaux de cette terre.

28. Là, apporte les semences de toutes les plantes,
Qui soient les plus grandes
Et les plus odorantes de cette terre ;
Là, apporte les aliments les plus savoureux
Et les plus odorants de cette terre ;
Rends les couples impérissables,
Pendant tout le temps
Que les hommes seront dans l’enceinte.

29. Qu’il n’y ait là ni groitreux, ni bossu,
Ni débile, ni fou,
Ni marqué, ni brûlé,
Ni nain, ni difforme,
Ni dents mal formées,
Ni lépreux qui doit être mis en quarantaine,
Ni non plus d’autres marques,
Qui sont le signe d’Angra Mainyu
Déposé parmi les hommes

30. A l’avant de l’espace, fais neuf passages,
Au milieu six, en bas trois ;
Au passage à l’avant, apporte les semences de mille hommes et femmes,
A celui du milieu six cents,
A celui du bas trois cents ;
Va vers l’enceinte avec ton cor en or
Et mets à cette enceinte une porte,
Avec ses propres lumières à l’intérieur.

VIDEVDAD 2 P 880
Traduction de Pierre Lecocq



Yma est le premier homme qui est appelé à sauver l’homme avant la catastrophe. L’eau coulant après la fonte des neiges serait celle du déluge dont il faut se préserver. Il est devenu le roi des enfers et on le retrouve en Scandinavie avec Yama.
Dans ce récit, on voit que ce sont les plus forts et les meilleurs qui sont appelés à perpétuer l’espèce alors que les théologiens bibliques mettront l’accent sur l’homme juste.
Ce pourrait être une construction circulaire dit Pierre Lecoq.

II – LA GUERRE – LA COMPETITION – LES DEFIS
QUI EST LE PLUS GRAND ?

La guerre a pu aussi donner  naissance aux mythes de l’ascension et de l’échelle qu’il faut gravir pour accéder au sommet qui est le 7e échelon après avoir vaincu le dragon, le monstre au 6e comme on l’a dit dans la 1ere partie.
C’est le triomphe de l’homme sur la femme qui représente la lune et c’est l’arrivée du monothéisme.
C’est l’origine de tous les maux et du triomphe du dualisme en Perse.
Dès le début, on voit le monde divisé entre les bonnes et les mauvaises gens. Ce sera la conception du taureau primordial avec la victoire de Huangdi sur Chiyou en Chine.
Huangdi (l’Empereur Jaune) comme nous l’avons dit dans la 1ere partie était aussi un dieu intelligent et courageux. Il avait quatre visages et était capable de regarder en même temps dans toutes les directions. Il apprit aux habitants à fabriquer des véhicules, à calculer le temps et demanda à ses fonctionnaires de créer des idéogrammes.
 Chiyou avait une tête humaine, quatre yeux, six bras et des sabots de bœuf. Il exploitait, lui et ses comparses abusaient tyranniquement de leur pouvoir. Lorsque Huangdi prit conscience de la situation, il décida de mettre fin à ces carnages et de tuer Chiyou.
Il eut l’idée de fabriquer un immense tambour pour soutenir le moral de ses armées. Grâce à la peau de la bête Kui ressemblait à un énorme bœuf sans cornes à la peau brune et avançait en sautillant sur son unique patte. Son cri ressemblait au tonnerre et ses yeux brillants lançaient des éclairs
Chiyou avait le pouvoir d’invoquer la pluie et le vent.
Huangdi dut faire appel à sa fille Nü Ba, la déesse de la sécheresse pour faire arrêter la pluie.
En Chine Gonggong le dieu des Eaux et Zhurong, le dieu du Feu, guerroyèrent entre eux, bouleversant ciel et terre. L’humanité fut alors menacée d’extermination. Tous deux aspiraient à devenir les maîtres incontestés du monde.
C’est la même chose en Inde avec le lingam de Shiva. Vishnu et Brahma discutèrent pour savoir lequel des deux était le plus important lorsque surgit un pilier incandescent : le lingam (voir 3e partie).
On retrouve le même thème au Japon où c’est la déesse Amaterasu qui avait fait disparaître le soleil après la colère de son frère Susano-Wo. Tous deux se disputèrent pour savoir qui était le plus puissant et c’est la femme qui représente le soleil. 
C’est encore la même chose au Mexique lors de la création des dieux à Teotihuacan où se trouvait le bûcher et où devait avoir lieu le sacrifice. Tecucciztecatl est « le Seigneur des Escargots » mais c’est Nanahuatzin « le Petit Pustuleux » qui est le plus courageux et qui se jette dans le feu sans hésitation. C’est lui qui sera transformé en dieu du Soleil alors que Tecucciztecatl rayonna de beaucoup moins de lumière et renaquit sous l’apparence de la lune.

C'est encore La lutte entre Seth et Osiris en Égypte,
Dans la Bible c’est toujours le plus petit qui est choisi comme David.
De grandes épopées ont vu le jour avec la notion de la guerre.
C’est la grande épopée de la Baghavagita en Inde. 
C’est la lutte entre Varuna et Vrtra,
C’est l’épopée de Rostam en Perse, 
C’est la guerre de Troie racontée par Homère en Grèce,
C’est ensuite la conquête de Canaan chez les Hébreux avec Moïse.
 
Les épisodes propres à chaque culture semblent bien découler de la colère, de la vengeance et du sentiment de justice.
Ainsi, en Inde avec le sacrifice de Daksha. Tous les dieux avaient été invités au sacrifice sauf  un : le dieu Shiva. Sa femme Sati s’en offusqua et Shiva détruisit le sacrifice provoquant les calamités : maladies et mort…
C’est le cas en Grèce où c’est la déesse Iris qui n’avait pas été invitée qui se venge en offrant une pomme d’or. C’est un humain Pâris qui doit trancher le dilemme et provoque la guerre qui dure dix ans.
Le rejet, la violence, la haine, l’envie de puissance sont à l’origine des guerres et des conflits.
Plus tard les peuples ont imaginé l’idée d’une chute et souligné la responsabilité pour élaborer une théologie.
De même que les philosophes. Hegel insistera sur le désir de reconnaissance, de la domination, Freud sur celui de la haine, de l’agressivité et Sartre sur le besoin, la rareté, la pénurie. 
On le voit dans l’épopée de Gilgamesh où les dieux se plaignent des hommes.
On le voit dans la Genèse où les humains désobéissent à Dieu. C’est Eve qui, tentée, par le serpent, mange du fruit défendu.
Les esprits deviennent des dieux et les hommes deviennent des dieux.
Huangdi et Yandi, le dieu du soleil ont donné naissance à Brahma, Zeus, Poséïdon ou Yhwh, Abraham.
Nü Ba se retrouve avec Shiva, Isis, Sara.
Chiyou se retrouve en Râvana, Seth. 
Vishnu reviendra avec Le Bouddha, avec Moïse, avec Jésus.
Mais la femme redevient aussi celle qui répare et sauve. 

III –LE VIOL - LE CHAOS – LA MORT ET LA RENAISSANCE

Le viol a été aussi une manière de concevoir les mythes.
Il faut noter encore le rôle du tissage dans toutes ces constructions. Le monde est en construction. C’est le berceau de la création. L’homme s’introduit dans la salle de tissage par infraction, vêtu d’une peau d’un poney céleste tâchetée qui peut représenter le ciel et provoque le chaos chez la déesse Amaterasu, au Japon. La déesse s’enfuit.
C’est Nu-Bâ en Chine qui répare le ciel. C’est le conte du Bouvier et de la Tilsserande. En Egypte, la déesse Neith n’est-elle pas la déesse du tissage ?
A partir d’événements naturels, qu’il s’agisse de la sécheresse ou du déluge, les hommes ont créé d’autres mythes. Ils ont mis l’accent sur la vie qu’il faut préserver. C’est une constance dans toutes les religions.
C’est l’histoire du chasseur et de ses deux enfants :
(Fuxi et Nüwa) en Chine qui donnent naissance à l’humanité après avoir été sauvés du déluge grâce à des graines de courge que leur a données le géant pour l’avoir aidé et qu’ils ont fait croître.
C’est Yu le Grand  qui doit trouver une solution pour lutter contre les dégâts dus à l’inondation.
On découvre ici deux façons de présenter l’histoire. Ce sont les hommes qui ont pris des décisions pour l’avenir de l’humanité. La gestion de l’eau est un élément essentiel pour survivre. Il a fallu creuser et travailler longuement pour y arriver. Yu est resté 3 ans sans voir sa femme. Les canaux portent des noms différents selon le pays. Ils sont essentiels pour l’activité économique et exigent beaucoup de soins. Ce sont :
•    Les carris en Chine
•    Les qanats en Perse,
•    Les qataras au Maroc,
•    Les levadas au Cap Vert…

C’est Gilgamesh parti à la recherche de son ancêtre après la mort de son ami Enkidou. Ut-napishtim  lui raconte qu’il a eu la vie éternelle pour avoir désobéi au dieu qui voulait anéantir l’humanité et Gilgamesh comprend qu’il doit agir de son mieux sur la terre à son retour.
 
L’eau – La terre - L’arbre et la femme
L’arrivée de l’agriculture a permis la création et le développement des mythes relatifs à la végétation, au culte de l’Arbre, de l’Arbre de vie. 
L’eau est, elle, assimilée à la femme. Elle entoure le monde. Elle est créatrice avec l’arrivée des crues en Egypte. La femme est comparée à la Terre qui donne la vie. Les eaux précèdent la création. Elles sont les mères de héros et interviennent dans la vie des hommes. Le culte des eaux a toujours été présent au cours de l’histoire. L’animal qui est associée à la femme a été la grenouille. C’est Dak qui avait avalé toutes les eaux et c’est grâce à l’anguille (ou le serpent). Tous les animaux assoiffés essayèrent de la faire rire et ce n’est que lorsque l’anguille (ou le serpent) se fut mise à s’enrouler et à se tortiller que Dak éclata de rire et que les eaux, rejaillissant, provoquèrent le déluge (cité par Eliade d’après Les Mythes et légendes d’Australie).
La femme est assimilée à l’eau. C’est la sécheresse et la mort qui sévissent lorsqu’elle est menacée et c’est l’homme qui est responsable du mal au Japon, on l’a dit.  La déesse Amaterasu provoque la disparition du soleil à la suite de la transgression de son frère Susano-wo comme la déesse Sekhmet en Egypte.
C’est elle qui est pourtant rédemptrice comme Nü Ba qui répare le ciel abimé par Gonggong, le dieu des eaux.
C’est Sati , folle de douleur, qui se jette dans le feu.
C’est Héra, Artémis, Athéna chez les Grecs
C’est Esther et Marie dans le Nouveau Testament.
Elles se lèvent pour préserver la vie.
L’eau a un caractère universel et aucune religion n’a pu l’abolir. Elle est assimilée à la caverne et à la femme, à la fertilité. Le dieu est Poséïdon avec son symbole, le trident représentant les dents des monstres marins. Les divinités des eaux, Thétis, Neptune, Aphrodite sont nombreuses. Elles sont les mères des héros locaux comme Achille. Une fois personnifiées, elles interviennent dans la vie des hommes. Comme le dit Eliade elles étaient là dans les eaux, depuis le commencement du monde.

 Les eaux précèdent la création. Les eaux purifient et régénèrent  parce qu’elles annulent l’histoire, restaurent le monde. En Iran, la divinité des eaux est Ardvi Sûra Anahita. Elle multiplie les troupeaux, les biens, les richesses, la terre et la semence de tous les hommes, la matrice de toutes les femmes. C’est toujours un retour à la vie. Le déluge est devenu plus tard le symbole d’une régénération et d’une nouvelle civilisation.
Plus tard la femme sera assimilée à la terre qui doit être fécondée. On aura le symbole Terre/Cieux. Elle le sera aussi avec la lune qui contient le germe du bœuf  lit-on dans l’Avesta. C’est elle qui donne la vie.
Les théologies ultérieures ont ensuite déprécié la fonction germinative des eaux parce qu’elles situaient le meilleur non dans la réintégration dans le circuit cosmique, mais au contraire, dans l’évasion du monde des formes organiques vers l’empyrée, vers les régions célestes dit Mircea Eliade.
La femme perdra donc son pouvoir au profit de l’homme. 
L’homme est placé au sommet de l’échelle et est supérieur à la femme. La femme sera assimilée au serpent et au mal comme on le voit dans la Genèse. Le dragon céleste, le nagua sont devenus des êtres malfaisants qu’il faut détruire.
Les évangélistes placeront  le Christ est au sommet de la croix. Il devient le lieu de passage entre le Ciel, la Terre et l’Enfer alors que c’est la femme qui doit retrouver la vraie place qui est la sienne.
On a vu que ce système avait déjà été découvert par les religions chamaniques qui ont insisté sur le phénomène de l’ascension, avec la corde ou l’échelle et les échelons qui placent la lune à la 6e position et le soleil à la 7e qui est la plus haute marche (voir la 1ere partie).
L’Arbre a remplacé le pilier sacré. Le mort retrouve la vie dans une plante (voir Io en Chine). Une vie humaine à laquelle il est mis fin de façon violente se continue dans une plante dit Mircea Eliade. Les tribus australiennes ne pensent-elles pas que le premier homme était né d’un mimosa (Mircea Eliade).
Eliade dit encore qu’au motif décoratif du rhizome émergeant d’un emblème aquatique correspond dans la mythologie la conception purânique de la naissance de Brahma. Le dieu est appelé abjaja, « né du lotus » qui sort du nombril de Vishnu (Agni Purâna, ch. 49. Le nom abjaja est bien celui d’Abram dans la Bible.
La Ménorah des Hébreux a 7 branches et renvoie au poteau cosmique primitif. C’est sous un arbre que Jésus a vu Nathanaël ou que Gautama est devenu bouddha…

Le carnaval – l’orgie et le chaos
Il faut offrir des sacrifices et des offrandes pour obtenir une bonne récolte. On fait donc des cérémonies et des sacrifices pour tous les épisodes, lors des semailles, lors des récoltes, le 1er mai, à Pentecôte au solstice d’été… La date de ces cérémonies a varié continuellement mais elle exprime toujours la même idée. On offrira aussi les prémices après les récoltes.
Le carnaval marque la lutte entre l’hiver et l’été et l’arrivée du printemps. Il faut expulser l’hiver et la mort. C’est un nouvel An, une nouvelle création. Il faut faire des purgations et des purifications, nettoyer les maisons.  Elle se termine toujours par des orgies, c’est-a-dire par le retour du chaos. On revient à l’état primordial, indifférenciée d’avant la Création. Une vie nouvelle commence. Dans la Bible, c’est le jour du Grand Pardon,  c’est l’histoire d’Esther, c’est aussi la Genèse et c’est l’Apocalypse où l’ancienne histoire est abolie. 
C’est aussi comparable au rôle de l’eau et du déluge.
L’extinction des feux renvoie à l’instauration des ténèbres. C’est le chaos. D’ailleurs, dans la Bible, Dieu ne dit pas que cela était bon pour la nuit et et il ne sera plus question de nuit et de mort dans l’Apocalypse.
Qu’il s’agisse des mythes au Mexique, en Babylonie ou en Perse avec le Naurôs, le sens est toujours le même.


Le feu
Le feu est aussi une constante dans les civilisations. C’est l’énergie qui procure la vie. C’est le sacrifice par excellence d’où sont issus les divinités. C’est le bûcher funéraire.  C’est l’ordalie par laquelle Sita, l’épouse de Rama, enlevée par le démon  Râvana, dans le Ramayana, doit prouver sa bonne foi en étant victorieuse des flammes.
L’homme sera associé au feu. On aura le symbole feu/serpent/soma ou celui du Ciel et de la pluie.
C’est le jugement. Les Haïtiens avec le Vodou et d’autres adeptes doivent marcher encore sur des braises brûlantes sans se brûler. C’est la fête du feu en Chine.
C’est avec le buisson ardent que Moïse rencontre Celui qui est, a été et sera.
Dans le Nouveau Testament Pierre évoquera le feu pour le jour du jugement :
De même qu’une terre tirée de l’eau et formée au moyen de l’eau, et que par ces choses le monde d’alors périt, submergé par l’eau, tandis que, par la même parole, les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies .(II Pi3/ 5-7)

Le mythe du barattage de la mer de lait récapitule  à lui seul tous ces sens :
-    Il faut éviter que la vie disparaisse,
-    Les bons et les méchants doivent s’unir momentanément,
-    Il faut fabriquer l’élixir de vie, l’amrita , le soma ,qui deviendra ou le haoma chez les Zoroastriens, ou le fruit de l’arbre de vie dans la Bible,
-    Les démons ne peuvent s’approprier cette liqueur qui ne peut donner la vie éternelle qu’aux bons,
-    Les déesses, les apsaras et d’autres êtres,  naissent de cette fusion.
Il nous apparaît évident qu’il s’agit d’un mythe de la procréation et nous comprenons à présent le rôle joué  par la tortue et la naissance des êtres.
Les veuves et les filles des guerriers (ksatriya) morts doivent s’unir aux brâhmanes les plus vertueux et ascétiques pour donner naissance à des fils. Le brâhmane se substitue au père disparu, non seulement pour lui susciter une descendance qui assurera le culte des ancêtres de la lignée, mais aussi pour recréer une « classe » d’hommes destinés à gouverner la terre. Seuls des rois ksatriya peuvent assurer le règne du dharma en exerçant leur pouvoir de châtiment.(commentaire de Madeleine Biardeau dans le Mahabharata p 53).
On n’a aucune preuve, dit-elle, dans le MBh classique que Siva soit représenté par un linga, mais le linga lui-même n’est peut-être que la transformation phallique de ce qui fut à l’origine le poteau sacrificiel, instrument de meurtre lui-aussi. (Livre 2 p 340).
Nous pensons quant à nous que le Phallus,  pour l’homme, a été remplacé par le poteau qui est devenu l’axe du monde, l’Axis Mundi, puis l’échelle des chamans, le Totem, l’Arbre cosmique, le Mont Sinaï, la Ménorah à 7 branches pour aboutir à la Croix, symbole des Chrétiens, la Ka’aba de la Mecque. Les montagnes, les pagodes, les temples et les maisons ont toujours reproduit ce schéma originel. Le Mandala ou le Labyrinthe reproduisent eux-aussi le cosmos.
Tous les peuples qui ont voulu construire un système religieux ont dévalorisé les dieux de leurs voisins. Les devas indiens sont devenus des démons pour les Zoroastriens. Toute réforme se fait contre une dégradation de l’expérience originaire.  Les peuples successivement ont dévalorisé les dieux de leurs voisins en élaborant un nouveau système ainsi que le dit Mircea Eliade. Le zoroastrisme a succédé au système indien, le judaïsme lui a succédé puis le christianisme…
On a ajouté l’idée de moralité et de responsabilité, de jugement et de récompense ensuite et construit des civilisations plus ou moins complexes. A partir de la Chine, et de la Perse, deux branches ont évolué :

-    L’une à l’Est a conduit au bouddhisme centré sur l’homme,
-    L’autre à l’Ouest a conduit au monothéisme plus tourné vers l’action.

L’œuf, pour la femme, a représenté le germe de la vie. C’est l’image parfaite d’où jaillit la vie, la sphère symbolise dès le niveau des cultures archaïques comme en Chine la perfection et la totalité et a servi de modèle aux Taoistes. C’est l’androgyne primordial. C’est lui qui a donné naissance à Pangu en Chine et son démembrement à toutes les formes de l’univers et à  l’instauration des sacrifices comme Purusha en Inde, Tiamat ou Ymir. C’est le géant primordial.
Eliade évoque Sumati, épouse du roi Sagara de Ayodhyâ III, 106, à qui avaient été promis 60 000 fils, et qui donna naissance à une courge d’où sortirent 60 000 enfants (Râmayâna I, 38) p 256. Mais il s’agit de Gandhari dans le Ramayana et d’une boule métallique coupé en 100 morceaux qui sont mis dans des jarres de terre cuite et qui donnent naissance à 100 enfants d’après le livre de Jean-Claude Carrière. D’où viennent donc ces différences ?
Comme le dit Mircea Eliade « l’histoire des religions étant en grande partie l’histoire des dévalorisations et des revalorisations du processus de manifestation du sacré. L’idolâtrie et l’iconoclasme sont à cet égard des attitudes naturelles de l’esprit devant le phénomène de l’hiérophanie. »
Faut-il continuer à adorer un dieu tout puissant, créateur, omniscient mais lointain et indifférent ou un dieu proche des hommes qui souffre et aime mais qui se fait tuer à cause de la méchanceté des hommes ?
Personne n’a l’idée de combattre la création parce qu’elle renferme des monstres et des prédateurs. Des hommes ont toujours cherché à préserver la vie comme Noé et ils ont sauvé tous les animaux. Qui leur a insufflé l’ordre de sauver et de travailler à la sauvegarde de la création sans comprendre ce qu’ils devaient faire pour cela ? D’où vient la pensée dans le cerveau des hommes ? Comment la pensée peut-elle naître de la matière ?
Les Grecs ont pensé que c’étaient les dieux qui soufflaient à l’oreille des héros pendant leur sommeil.
Aujourd’hui, nous disons que tout homme a la faculté de choisir et d’entendre à son tour le bien ou le mal qu’il peut faire. Chacun est responsable. Pour cela, il est peut-être aidé par tous les ancêtres qui ne cessent de l’accompagner et de le soutenir.
Ne sommes-nous pas environnés d’une nuée de témoins ? 
Comme l’histoire du peuple juif commence avec Abraham, les évangiles commencent avec l’arrivée des Rois Mages, originaires de Perse, ce qui marque la filiation des textes nouveaux avec les anciens. Il n’y avait alors pas de droits d’auteur.
Nous pouvons entrer dans la cité céleste dont les portes sont toujours ouvertes grâce à tous ceux qui nous ont précédés si nous le désirons. Une nouvelle création surgira de nouveau après le chaos et une nouvelle ère commencera.
L’histoire continue et nous donnera l’occasion d’inventer de nouvelles façons d’appréhender le monde contemporain mais sans rejeter l’idée originelle que l’homme a découverte grâce à la pensée.
La Pensée alors trouvera sa place au sommet à la place de ce que les hommes ont appelé Io, en Polynésie, Dieu, Yhwh, les esprits, les ancêtres…


BIBLIOGRAPHIE

-    LES GATHAS traduit et présenté par Khosro Khazai Pardis Albin Michel
-    Les livres de l’Avesta – Textes sacrés des Zoroastriens – Textes présentés, traduits et annotés par Pierre Lecoq
-    Mircea Eliade – Traité d’histoire des religions
-    Le MAHABHARATA – Jean-Claude Carrière
-    Le KOJIKI par Pierre Vinclair


 

Lire la suite