DINA 2
Il y a longtemps que je souhaite arrêter mon blog car j'en ai assez d'avoir des difficultés avec la tablette et des publicités indésirables mais je n'arrive pas à me taire devant l'injustice et le cynisme de certains.
J'ai hésité à mettre ce texte que j'ai écrit en 2021 et qui fait suite à une première partie écrite en 1990, il y a donc plus de 30 ans et dans lequel j'évoquais L'INCENDIE immense. Les flammes qui montent et tuent, la sécheresse, bien avant Jacques Chirac en 1995.
Je vous le soumets donc en espérant qu'il pourra être utile.
Peut-être sera-t-il donc le dernier .
DINA
2e PARTIE
colette defrain
janvier 2021
ACTE I – VOYAGES DANS LE MONDE
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Scène 1 - EN CHINE
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Plusieurs années s’écoulèrent et Dina s’élança à nouveau vers de nouveaux horizons.
Elle s’envola vers la Chine où la Cité Interdite abrita la vie des empereurs. Les épouses lui racontèrent la vie qu’elles menaient dans cette prison. Dans le harem où elles attendaient, soumises, le bon vouloir de leur époux. Elles racontèrent qu’on leur avait bandé les pieds pour les empêcher de grandir et les maintenir chez elles.
La guerre de l’opium avec les Anglais détruisit toute leur civilisation et les Chinois durent abandonner Hong Kong.
Elles arboraient de magnifiques kimonos en soie, les cheveux tirés en chignon derrière leur nuque. Leurs visages étaient blancs et sans expression lorsqu’elles dansaient mais elles bougeaient leurs mains et leurs doigts au son d’instruments stridents.
Dina les salua et continua sa route.
Scène 2 - AU MEXIQUE
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Elle arriva au Mexique où les femmes faisaient cuire des tortillas sur des feux de bois. Elles avaient coupé les épis de maïs dorés, les tomates et les haricots et les poules s’égayaient dans la petite cour avec les cochons.
Elles firent entrer Dina dans une hutte toute ronde couverte de roseaux et se tassèrent autour d’elle.
Elles parlèrent avec tristesse de l’invasion des Espagnols cupides qui voulaient prendre leur or et leurs trésors.
Elles ne connaissaient pas leurs armes sanglantes et elles souffrirent longtemps de leurs sévices.
Ils voulaient détruire leur dieu qu’ils disaient cruel car on lui offrait des sacrifices humains pour que le soleil ne meure jamais.
Elles lui montrèrent leurs bijoux qu’elles fabriquaient avec des pierres d’obsidienne, de la turquoise, de l’onyx et d’autres métaux précieux et l’initièrent même à leur technique.
Dina mangea et but de la tequila à leur table puis les quitta.
Elle alla au Chili où les coups d’Etat avaient placé un dictateur à la place d’un socialiste Allendé avec l’appui des Américains.
Elle alla ensuite en Russie, au Canada où les Indiens devaient vivre parqués dans des camps et où l’on emmenait les enfants loin de leurs parents pour les « éduquer » et leur faire oublier leur civilisation.
Scène 3 - AU JAPON
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Partout elle constata que les femmes étaient opprimées et que les hommes étaient avides de pouvoir.
Elle s’arrêta devant le mausolée du Japon et ne put laisser échapper ses larmes face aux images bouleversantes de la guerre. Un soleil artificiel et incandescent avait enseveli une ville en quelques secondes, brûlant tout. Les flammes embrasaient les bâtiments que les hommes avaient construits vaillamment toute leur vie, dévoraient les chairs des femmes et des enfants qui couraient de toutes parts. Un silence de mort s’étendit alors et la vie s’arrêta.
Comment des hommes peuvent-ils inventer, créer et utiliser de tels engins ?
Elle ne comprenait pas car ils recommencèrent sans cessa au Viet-Nam, en Perse, en Afrique.
Le monde de la terre que mon Père a créé va disparaître, se dit-elle. Les sécheresses et les ouragans n’arrêteront pas. Les hommes sont incapables de se comporter. Ils ont détruit les plantes, les forêts et les animaux de toutes sortes. Ils ont voulu faire de l’argent et du profit.
Mon Père, je ne veux pas vivre dans ce monde.
Regarde la création. Elle n’est plus que ruines et sang.
Les Femmes sont martyrisées. Elles sont des esclaves alors que tu les as voulues être la gloire de l’homme.
Les Hommes les utilisent comme des objets de consommation, les martyrisent et les jettent.
Quand elles sont vieilles, ils les mettent dans des endroits infâmes, indignes d’une civilisation avancée.
Ils font des lois pour assurer leur sécurité mais ils les violent sans vergogne quand elles les dérangent.
Ils ont trahi ta parole et l’ont pervertie.
Tu as vu tous ces braves lutter pour la liberté.
Des bêtes féroces les ont torturés et tués. La voix de Jean Moulin ne s’élève-t-elle point des lieux de mémoire qu’ils ont créés pour les honorer après les avoir abandonnés ?
L’as-tu reçu près de toi et l’as-tu secouru ?
Ou vit-il à jamais au plus profond des ténèbres ?
As-tu la puissance et la gloire qu’on dit ?
Resteras-tu sourd à ses prières qu’il ne peut plus murmurer ?
Mon enfant, je t’entends et j’ai entendu toutes les plaintes et toutes les voix de ceux que tu as rencontrés.
Ceux qui ont trahi n’entreront pas dans ma maison. Je connais leurs méfaits et leurs actes.
Ils avaient le choix de se diriger vers la vie. Ils ont choisi la mort et ils demeureront à jamais dans ce brasier qu’ils ont allumé. Ils ne peuvent plus changer et personne ne peut intercéder pour eux.
Mais ceux qui ont préféré la vie et qui l’ont perdue à cause de leurs convictions, ceux-là ne resteront pas endormis. Je les ferai revivre pour l’éternité dans un monde où ils règneront à jamais. Ils goûteront des fruits délicieux et chanteront la vie.
Ma lumière les illuminera. Ne crains rien. Cela est commencé.
Où est donc ce monde dont tu parles ?
Il est dans ton cœur, tout près de toi. C’est lui qui est vivant. Il ne périra jamais. Ceux qui ont cru et qui ont agi pour la vie le verront assurément.
Ne t’inquiète pas et crois-moi. Tu verras ma gloire.
Scène 4 - LE MAHABHARATA
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Dina se sentit réconfortée mais tremblait devant les catastrophes qui allaient se produire. Elle ne savait que faire ni que dire.
Son père n’avait cessé de proclamer la justice et l’amour, la fidélité et la paix. Il avait envoyé tant de messagers. Le résultat est un gâchis.
Assisterons-nous à une disparition ? Il avait sauvé autrefois sa création en faisant construire une arche par Noé qu’il avait jugé juste et qui a rassemblé sa famille et tous les animaux. Ses descendants n’ont-ils pas recommencé les mêmes erreurs ?
Comment pourrait-il en être autrement aujourd’hui ?
Elle se rappela alors le poème indien du Mahabharata.
Les hommes avaient combattu contre leurs frères, leurs cousins dans une guerre cinglante : la Baghava Gita. Le héros Yudistha est le seul survivant et se demande ce que ses frères sont devenus. Il part à leur recherche et se retrouve au bord du Gange au milieu d’eux.
Le cœur de l’homme est ce jardin qui doit accueillir les graines de vie que le maître a sélectionnées pour qu’elles donnent naissance à la justice, à la paix, à l’amour. Il est comme le Semeur de l’Evangile. C’est long et il faut être patient.
Les paraboles et les paroles dissimulent une vérité qu’un cœur pur seul est capable de comprendre.
ACTE II - AUPRES DE L’EAU
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Scène 5 - LA CONFERENCE DES OISEAUX
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Dina s’endormit, confiante, bercée par la musique de l’eau.
Les oiseaux voletaient et chantaient de doux poèmes.
Eux-aussi avaient parcouru un long chemin et ils étaient heureux d’être arrivés au bout de leur voyage mouvementé.
Ils ne regrettaient pas d’avoir suivi la huppe qui leur servit de guide tout au long de leur parcours.
A présent, ils contemplaient le monde nouveau qui les accueillait et leur offrait tant de bienfaits.
Pourquoi n’ont-ils pas tous suivi la huppe ?
1° Le Rossignol refusa au nom de l’amour d’une rose qui suffit à combler ses jours et ses nuits. Il croit aimer alors qu’il n’est que séduit par elle qui se moque bien de lui.
2° Le Perroquet n’aspire qu’à goûter de l’eau de jouvence et ne veut pas sacrifier sa vie. Il ne désire qu’accumuler les ans et les biens.
3° Le Paon ne souhaite que retrouver son paradis perdu et ne veut pas voir plus loin que la rosée.
4° Le Canard veut rester dans son ruisseau et ne veut pas cheminer dans la poussière. Il ne voit pas autour de lui les gorets qui barbotent.
5° La Perdrix ne cherche qu’à trouver des pierres et des joyaux. Elle est attachée à ces cailloux et veut rester fidèle à ses amours. Elle appartient aux pierres précieuses qui donnent sens à sa vie et ne veut pas s’engager dans un chemin rude et long. Le vrai joyau n’est pas de ceux sur lequel trébuche la pioche.
Une pierre légitime le pouvoir. Elle est le plus douloureux des obstacles. Le plus beau des diamants du monde n’est jamais qu’un bout de rocher.
6° Le Humay est un oiseau rare qui fait la fortune des rois. Il bénit les grands. Il ne veut pas perdre son orgueil. Il a la royauté à sa disposition.
7° Le Faucon se contente de ce qui lui est donné et cherche à s’en rendre digne alors qu’il est captif des apparences, aveugle et sourd à l’essentielle vérité. Il ne veut pas abandonner le rang et les grâces des rois alors que c’est la chute qui l’attend.
8° Le Héron ne connaît que la mer. La grotte d’eau est la source de sa vie. Il se contente de rêver sur la rive.
9° Le Hibou a trouvé la paix dans une cabane en ruine et est esclave des biens et des trésors ensevelis dans ces décombres. Il ne veut pas s’engager dans un autre chemin. Il est éperdu du Veau d’or, de cet or qui pourrit les âmes. Il ne veut pas renoncer aux biens du monde.
10° Le chardonneret ne se sent pas digne. Il se sent incapable de marcher. Il est comme Joseph dans son puits. Il est attaché à l’amour des siens comme Jacob pour son fils.
Tous préférèrent leur vie de misère à la quête. Ils refusent de tout abandonner pour une route imprévisible où ils risquent de périr.
Dina écoutait leur chant et comprenait le sens de leur message qu’ils lui transmettaient dans leur langue.
La Huppe lui disait que l’amour du rossignol n’était pas du vrai amour et que celui-ci ne devait pas s’en contenter,
que l’acquisition des richesses et des biens n’était pas la vraie richesse et que le véritable trésor était ailleurs, que le Perroquet, la Perdrix ou le Hibou devaient trouver autre chose,
que le pouvoir que désirait le Humay rendait captif et aveugle.
Fallait-il alors se contenter de sa condition comme le faisaient le Faucon ou le Hibou ? rester à la place médiocre comme on voulait le leur faire croire ?
Non, lui répondit la Huppe.
Il faut s’engager, se détacher de ses entraves et de ses biens. C’est notre responsabilité. Nous avons le choix. Il faut savoir agir et ne pas se contenter de ses rêves comme le Héron qui se réjouit d’une simple goutte d’eau au lieu de plonger dans l’océan.
Il ne faut pas se croire indigne et incapable comme le Chardonneret attaché à l’amour des siens ou la Perdrix qui n’arrive pas à marcher et ne fit que sautiller sur ses cailloux.
Nous devons quitter notre condition imparfaite pour réaliser cette mission. C’est une quête qui entraînera forcément des souffrances et des blessures. Il ne faut pas croire à ses illusions et à ses chimères.
Il faut quitter le Pharaon comme l’a fait Moïse, dit-elle à la Bergeronnette,
Il faut décapiter Nemrod comme le fit Abraham, dit-elle au Perroquet,
Il faut escalader la montagne, dit-elle à la Perdrix, malgré sa marche ondulante,
Il faut oublier la raison et préférer son cœur, dit-elle au Faucon,
Il faut se libérer des démons qui nous enserrent le cœur et nous assoiffent de biens terrestres, dit-elle à la Caille,
Le Rossignol doit libérer son âme de son manteau de fer pour être comme David serviteur d’un amour véritable.
Il faut vaincre le Serpent à 7 gueules qui déchire notre corps et nous chasse du paradis comme le Paon qui a été privé de l’arbre du Savoir. Il nous faut tuer ce maudit dragon.
Il nous faut quitter le puits et lever le bec vers le siège de Dieu comme Joseph sortit de son trou pour entrer au palais du pharaon d’Egypte et gagner son lieu royal, dit-elle au Faisan au vol majestueux,
La Tourterelle qui git dans son cachot semblable à celui de Jonas doit éventrer ce démon aux écailles dorées sur l’océan des songes et prendre son vol vers l’or du soleil.
La Colombe au long roucoulement doit s’abandonner et prendre le chemin des Sages pour connaître le vrai sens de sa vie et boire l’eau de Jouvence,,
Le Gerfaut ne peut trouver la vie vautré dans les charognes. Il doit quitter ce monde bas pour trouver un perchoir offert par Alexandre le Grand,
Le Chardonneret est un feu follet appelé à embraser les âmes pour goûter les secrets de l’Aimé et n’être que lui.
Dina était abasourdie par tous ces propos que lui communiquaient tous ces oiseaux. Ils étaient comme des anges entre le ciel et la terre. Ils avaient tout compris et elle les remercia à son tour.
Elle savait qu’ils avaient raison mais son visage s’assombrit à la pensée de tous ceux qui étaient tombés, qui étaient morts à cause de la méchanceté et de la haine des puissants du monde terrestre. Malgré leurs armes et leur pouvoir, ils avaient résisté et n’avaient pas renié leur engagement alors que d’autres s’étaient cachés et n’avaient pas voulu faire face à leur destinée.
Pourtant, elle restait perplexe.
Le monde n’est-il donc qu’un cachot, un enfer ou un chaudron, dont il faut sortir ?
Mon Père n’a pas voulu cela.
Elle leva les yeux. Tous les oiseaux avaient en eux une image de son Père et rayonnaient.
Que s’est-il donc passé ?
Scène 6 – L’enfer de Dante
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Le Faucon s’approcha et la prit dans ses ailes.
Elle survola un cimetière et les voix des défunts gémissaient et hurlaient. Il y avait là des rois et des puissants.
Elle se rappela Dante et ses paroles.
Les défunts se rendaient bien compte que leur vie n’avait pas été bien charitable.
Les malheureux mouraient de faim sous leurs impôts,
Les jeunes tombaient sous les balles des champs de bataille qu’ils avaient décidés sans leur consentement,
Les malades dénonçaient leurs soignants qui leur avaient administrés des poisons mortels au nom de leur intérêt, uniquement pour s’enrichir.
Les ouvriers mouraient sous le poids des taxes et du fouet, ils ne pouvaient se défendre contre des lois injustes qu’ils avaient rédigées à leur profit,
A présent, ils ne pouvaient se racheter.
Le Faucon lui dit :
Ce monde-là va disparaître. Les Humains n’ont pas été dignes de la confiance qui leur a été faite. Ils ont voulu amasser et faire du profit, toujours plus de profit. Ils ont détruit leur terre et leur âme. Tout va disparaître. Le monde des Hommes est révolu, celui des Anges commence.
Dina regarda la terre qui devenait rouge, rouge comme une grenade. Elle roulait dans tous les sens puis devint grise, puis noire et disparut dans un trou noir. Une petite fumée s’éleva alors puis plus rien. La terre avait disparu. Ses larmes et ses soupirs n’avaient pu empêcher ce désastre.
Son Père le savait et les avait avertis comme la première fois au temps de Noé.
Scène 7 – La marche des justes
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Ceux qui ont cru à la parole et qui se sont engagés sont devenus semblables à nous. Ils sont des anges de lumière.
Ils n’ont plus besoin d’argent et de procréer.
Tout nous est donné désormais. Il n’y a plus de malveillants et des crapules.
Reste avec nous.
Nous t’offrirons le véritable amour. Nous t’apporterons tous nos trésors, nos histoires que tu écriras, nos pérégrinations qui deviendront des enseignements.
Tu chanteras avec nous ce monde nouveau où tous les justes apparaîtront et règneront avec toi.
Dina vit apparaître une colonne infinie d’hommes et de femmes qui les suivait. Ils ne s’étaient pas soumis aux tyrans de leur temps et marchaient fiers et droits sur ce nouveau chemin qu’ils avaient aplani et dont ils avaient enlevé les pierres.
Il y avait là Abraham et Sarah, son épouse, qui avaient quitté leur patrie lointaine, l’Inde et la Mésopotamie,
Moïse et tout son peuple qui avaient traversé la mer entre ses colonnes,
Joseph et tous ses frères qui étaient esclaves en Egypte et qui ont résisté au Pharaon,
Tous les prophètes qui ont alerté les rois et le peuple déporté dans des pays lointains,
Jésus et ses disciples qui ont assisté au supplice de leur guide,
Mahomet et ses disciples qui ont combattu aussi l’intransigeance de leurs dirigeants et ont dû fuir en Arabie,
Tous les bouddhas qui ont prêché la compassion et la bienveillance,
Une multitude infinie jaune et bariolée qui a refusé de se soumettre à des lois injustes et cruelles et qu’elle ne pouvait compter.
Les femmes et les prostituées marchaient devant et rayonnaient de joie.
Ils venaient de partout et nul ne pouvait les compter.
Ils étaient fatigués mais heureux d’avoir combattu le bon combat.
Dina sourit et accepta l’invitation des oiseaux.
Elle savait que son père vivait aussi dans ces hommes de foi et de résistance, qu’il les ferait vivre sans fin.
Sa parole était vraie et ceux qui l’ont rejetée sont morts aussi éternellement. Ils ne peuvent revenir.
Un monde nouveau s’offrait à eux resplendissant et merveilleux. Ils y entrèrent de toutes parts car les portes leur étaient ouvertes. Les oiseaux les accueillirent et leur donnèrent à chacun un vêtement neuf et éclatant et les firent s’asseoir à leur table céleste pour qu’ils se réjouissent et oublient leurs peines à la place où ils étaient inscrits et ils reçurent un caillou blanc où était écrit un nom nouveau que personne ne connaissait à part celui qui le recevait.
ACTE III – LE BANQUET CELESTE
Scène 8 – La nouvelle Charte
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Une fontaine était dressée au centre et ils purent se désaltérer avec cette eau limpide. La Samaritaine se rappela alors des paroles de l’inconnu qui lui avait demandé à boire lorsqu’elle était venue en plein midi chercher de l’eau. Elle aussi était là parmi ce peuple.
De chaque côté il y avait des coupes de fruits de chaque saison. Le cuisinier que Dina avait rencontré se félicitait. Tout ce qu’il avait désiré était là et il se sentait récompensé.
Elle retrouva l’étudiant, le chômeur et le vieillard mystique.
Les feuilles de ces fruits étaient répandues pour soigner leurs blessures et les guérir. Ils n’avaient pas besoin de produits chimiques et de vaccins à acheter. Les laboratoires avaient disparu dans le feu avec leurs actionnaires réactionnaires. Ils n’avaient pas besoin non plus de lunettes car leurs yeux étaient guéris et ils voyaient tout clairement. Leurs oreilles étaient propres et ils entendaient les paroles de leurs voisins car leurs cœurs aussi étaient purs.
Les boiteux avaient retrouvé leur agilité de jeunesse et dansaient sans prothèse.
Il y avait là un festin de mets succulents, des vins vieux* et tous se réjouissent. Il n’y avait plus d’argent et d’or, ni de monstre dans la mer car elle avait disparu et tout était offert, gratuitement comme une récompense, un cadeau qu’il n’imaginait pas. Ils étaient ébahis devant tant d’abondance et ils n’osaient pas lever les yeux. Ils ne regrettaient pas le choix qu’ils avaient fait dans leur jeunesse et qu’il n’avait pas renié, leur courage et leur détermination face à l’adversité, aux outrages, aux moqueries, aux sarcasmes et aux faux témoignages qu’ils avaient subis.
Tous étaient régénérés. Ils avaient soin les uns des autres et chantaient des louanges. C’était une musique indéfinissable où chacun avait sa voix dans cet orchestre et nul ne la couvrait de sa puissance. Même les plus petites voix pouvaient être entendues de tous et personne ne la faisait taire.
*(Es 25/6)
Ils avaient combattu le bon combat de la vie et ils voyaient à présent le résultat du projet initial de la création. Cela a duré longtemps et beaucoup moururent entre-temps mais ils revinrent à la vie pour jouir de tous ses bienfaits.
De l’autre côté, les puissants de ce siècle, tous ceux qui avaient été honorés, décorés par les maîtres du monde, pleuraient abondamment. Ils avaient reçu leur récompense et ne pouvaient rien réclamer. Ils pouvaient gémir, personne ne pouvait les aider.
Le riche contemplait à présent Lazare près d’Abraham.
Tous les oiseaux se rassemblèrent pour manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands*. Ils ressuscitèrent comme le dit la Bible et chacun fut jugé selon ses œuvres. La mort disparut, cette seconde mort. Chacun but de la source gratuitement.
Dina était heureuse et voyait siéger son frère bien-aimé plein de majesté au bout de la table.
Il était beau, jeune et vigoureux. Il avait toutes les qualités désirables : la patience, la bonté, la bienveillance, la douceur, la fidélité, la maîtrise de soi et tous le reconnaissaient.*
Elle aussi avait laissé ses oripeaux et était revêtue de splendeur et de gloire.
Ils étaient enfin réunis et ils purent se féliciter dans un monde de paix. Ils n’avaient plus besoin de procréer.
Les animaux s’approchaient et se délectaient aussi d’une herbe grasse et savoureuse. Toutes les brebis étaient là et donnaient un lait abondant et délicieux. Elles savaient qui était leur berger et broutaient sans crainte près du loup qui ne leur faisait aucun mal.
Le monde ancien avait disparu.
Un monde nouveau et éternel s’ouvrait devant eux.
Ils ne construisirent pas de temple car ils étaient eux-mêmes le temple de la lumière et de la vie mais ils écrivirent une charte nouvelle devant leur cité :
*(Apo 19/18).
*(Gal 5/ 22-23)
1° Nous avons retrouvé le vrai sens des choses et garderons tous les arbres de ce jardin sans exception car tous sont utiles et bienfaisants. Nous ne voulons pas que des virus et des nuisible viennent détruire et gâter leurs fruits. Nous n’avons pas besoin de stocks et de monnaie,
2° Nous protègerons la vie car elle nous est précieuse,
3° Nous accueillerons tous les exilés de la terre qui demanderont asile chez nous car la terre est notre patrie commune. Il n’y aura plus de murs et de tours pour nous défendre les uns des autres car il n’y aura plus de voleurs,
4° Nous bénirons notre Père et chanterons sans fin ses louanges car il n’y aura plus de jours,
5° Nous ne rejetterons plus nos parents mais les honoreront car ils nous ont transmis les vraies paroles,
6° Il n’y aura plus de meurtres, de morts et de suicides car les méchants ont disparu,
7° Il n’y aura plus de mensonges car la fidélité germera de la terre,
8° Il n’y aura plus de vols et de razzias car nous nous contenterons de nos ressources,
9° Il n’y aura plus de faux-témoignages pour écraser nos semblables et nous faire-valoir car nous sommes tous égaux,
10° Nous ne désirerons pas les richesses des nations car tout est offert.
A présent
La Sagesse règne,
La Bonté et la Fidélité se rencontrent,
La Justice et la paix s’embrassent. (Ps 85/11-13)
Une buée s’éleva du sol et couvrit toute la terre pour la protéger et la bénir.
C’était comme la main du Père et ses yeux embués qui se voilent en regardant les hommes.
Maintenant, dit-il, je peux disparaître. Les hommes ont compris leur tâche et ils n’oublieront pas. Ils sont devenus nos semblables.
Plus besoin de prophètes, de maladies, de virus, de catastrophes ou de guerres pour les ramener à la raison. Ils ont enfin découvert le trésor qui était dans leur cœur et qu’ils protègeront.
Je peux enfin me reposer tranquille. Mes enfants habiteront un monde purifié et bon. J’ai confiance en eux. Mon adversaire ne pourra plus les séduire et les anéantir à nouveau. Il a été détruit et brûlé et ne reviendra plus.
BIBLIOGRAPHIE
LE MAHABHARATA
LE KOJIKI par Pierre Vinclair
L’AVESTA
LA CITE DE DIEU – Saint-Augustin
DANTE – La Divine Comédie
ATTAR – LA CONFERENCE DES OISEAUX
Marcel Granet – La religion des Chinois
KARL MARX – LE CAPITAL